Climatologie orageuse française : des grosses tornades peuvent passer inaperçues !
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Article N°19538

Climatologie orageuse française : des grosses tornades peuvent passer inaperçues !

Le 13 février dernier était la date-anniversaire d’une possible très grosse tornade survenue en forêt de Chizé en 1900. Un cas récemment découvert et non encore élucidé complètement, alors que l'ouragan qui a sévi ce jour-là est déjà connu depuis longtemps des bases de données climatologiques. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce cas de figure n'est pas isolé et cet article saisit l'occasion de nous questionner sur l’ensemble de ces cas, relativement nombreux, de très puissantes tornades impossibles à valider faute d’éléments suffisants.
 

Oui vous avez bien lu. Voilà qui peut paraître incroyable à l’homo sapiens de base non rompu aux charmes subtils du recensement de nos tornades french touch, mais c'est pourtant un fait bien réel. Un certain nombre de cas puissants n’ont en effet jamais pu être documentés suffisamment pour être validés. Et je vous laisse imaginer les conséquences en aval de telles lacunes dans les bases de données et les statistiques par intensité…
Mais alors me direz-vous comment peut-on ainsi laisser filer des cas extrêmes aux dégâts lourds et au bilan souvent meurtrier ? A travers quelques exemples, et notamment le plus extrême d'entre eux, celui de cette possible F4-F5 (!) survenue en forêt de Chizé le 13 février 1900 dans un contexte tempétueux en forêt de Chizé, OO vous expose ici quelques éléments de réponse, et derrière ces éléments la situation du recensement dans notre pays.
Tout d’abord, le manque criant d’enquêteurs en France, valable pour tous les cas. Une situation que l’actualité a encore mis en évidence via une publication de Kéraunos concernant les nombreux cas récents de ce début d’année dont seulement 3 ou 4, ceux de Maureillas ou d’Aize par ex, ont pu faire l’objet d’une enquête. Certes les énormes progrès accomplis dans le domaine et l’émulation de plus en plus palpable à l’origine de multiples enquêtes amateurs de qualité sont indéniables. Mais il nous manque cruellement un véritable réseau organisé à l’image de ce qui existe déjà pour les relevés de stations météo. Même encore aujourd’hui de nombreux cas passent encore à la trappe.
Concernant les grosses tornades, on pourrait pourtant -logiquement- s'attendre à une médiatisation massive, et c'est ce qui s'est passé pour bien des cas. Mais c'est là que parfois interviennent d'autres facteurs et parmi eux, les contextes météo tempétueux en hiver qui rendent les dégâts de ces tornades difficilement décelables noyés au milieu de ceux de la tempête. Le cas de Saint Georges de Didonne (17) par ex, forte F2 survenue en 1996, n’aurait jamais pu être tiré de l’ombre sans une enquête téléphonique et sans un témoignage décisif surgi un jour sur un forum. Et encore ce cas-là avait-il eu lieu en pleine journée avec des témoins directs sur place.
Or il faut savoir que les journées courtes et les alertes de tempête entraînent le confinement des gens chez eux, et évidemment de fait raréfient les témoignages directs décrivant le phénomène. C’est probablement pour ces raisons que les témoignages peuvent avoir manqué pour le possible cas de Chizé en 1900, d’une extrême intensité puisqu’une chaussée aurait été soulevée avec ses arbres plantés dessus (!)
Et que dire alors des cas nocturnes, très rarement observés et pour cause ? Saviez-vous que même la tornade d’Hautmont en août 2008, survenue dans la nuit, n’avait pu au départ être clairement identifiée et aurait pu rester dans l’ombre si des enquêtes n’avaient pas été effectuées par Météofrance, puis par Kéraunos ? Un autre cas est lui aussi tout à fait représentatif : celui d’une possible tornade F3 dite de Champagne-Mouton qui aurait saigné le NO charentais et le SO Vienne dans la nuit du 26 au 27 juillet 1983 (dossier complet sur l’épisode disponible sur le site Ouest-orage.org) Certes on ne peut totalement écarter l’hypothèse car de nombreux indices plaident pour elle notamment un trajet S/N parfaitement rectiligne reliant tous les indices sur une carte (voir image), et une analyse de la situation qui met en évidence une situation propice aux tornades. Mais d’autres éléments manquent aussi cruellement et l’incertitude demeure sur ce cas.
Devant toutes ces lacunes potentielles, on voit très vite qu’il convient de rester très prudent devant les statistiques d’intensité, même concernant les très grosses tornades qu’on aurait tendance à supposer toutes connues. Si au cas par cas on ne peut bien sûr se prononcer, en revanche de façon générale on sait maintenant que des cas puissants même relativement récents restent encore dans l’ombre.
Ce cas de Champagne-Mouton nous éclaire également sur ces épisodes orageux très sévères à l’échelle régionale qui cumulent divers phénomènes dont les dégâts ont pu se recouvrir la même nuit. Il n’est pas rare que des rafales descendantes précèdent, suivent ou côtoient un cas de tornade (un épisode similaire en diversité et en intensité s’est d’ailleurs produit un an plus tard dans les Vosges où idem des tornades sont soupçonnées). Face à ce genre de cas, il conviendra donc toujours de rester modeste dans les deux sens, de ne rien considérer comme acquis dans un domaine scientifique où bien des choses restent encore à découvrir.
En conclusion je citerai volontiers celle du billet consacré au cas de Chizé (lien plus haut) : « il convient bien sûr de rester vigilant sur ce cas comme sur bien d'autres. Ajoutons qu'extraire toute la substantifique moelle d'un cas initialement obscur est une activité de recherche non seulement plaisante mais aussi productive. Il peut sembler vain de tergiverser sur des cas pour lesquels peu d'éléments sont à notre disposition mais il ne faut pas oublier que les cas ainsi soulevés pourront susciter témoignages et(ou) transmission de documents inédits et peut-être un jour trouver leur diagnostic définitif, grâce à la médiatisation de l'information rendue disponible. Et pour le moins, on sait qu'ils ne tomberont pas dans l'oubli.»


Vignette  : trajet reconstitué du possible cas de Chizé (79) en 1900 - Gweanael Milcareck/Ouest-orages


 

Nicolas

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